} Entre 1933 et 1939, L'Allemagne engagea
un immense programme de remilitarisation et une politique étrangère
offensive.
Les zones instables à
l'est de L'Europe.
*Lorsque
Hitler arriva au pouvoir en 1933, il n'y eut pas de changement majeur
dans la politique étrangère, malgré la rhétorique
enflammée des activistes du parti qui préconisaient
une révision des frontières. Le ministre des affaires
étrangères, le baron Konstantin von Neurath, un diplomate
nommé en 1932, resta en place. Il partageait les convictions
nationalistes d'une grande partie du corps diplomatique. Avant même
la nomination de Hitler, l'Allemagne avait commencé à
se libérer des contraintes du traité de Versailles.
Hitler se fixa comme objectif la reconquête des territoires
perdus et retour de l'Allemagne au rang de grande puissance européenne.
Les alliances européennes
(1920-1933).
*
Le premier signe de changement se manifesta en octobre 1933 quand
Hitler fit sortir l'Allemagne de la Société des Nations
et de la conférence sur le désarmement à Genève,
arguant que son pays était toujours traité comme une
puissance de second rang dans les autres capitales d'Europe. Il
entérina les projets d'expansion de l'armée antérieur
à 1933 et autorisa le développement clandestin d'une
force aérienne. Les membres des mouvements de jeunesse et
des nombreux "clubs aéronautiques", où se
recrutèrent les premiers volontaires de l'aviation allemande
clandestine, reçurent une formation militaire. Mais Hitler
restait prudent, car il ne s'agissait pas de provoquer l'intervention
dans Alliés. Il fallait aussi faire redémarrer
l'économie avant d'engager une politique plus active et aggressive
à l'extérieur.
Les alliances européennes (1933-1939).
*
Les principaux aspects de la politique étrangère allemande
durant les trois premières années du régime
différaient notoirement de la constellation dessinée
à la fin des années 30. Dans Mein Kampf, Hitler démontrait
que l'Allemagne bénéficierait d'une alliance
avec la Grande-Bretagne, car elle aurait ainsi les mains libres
en Europe continentale, en particulier pour la conquête de
l'Espace Vital à l'est. Après 1933, on chercha donc
à faire progresser les relations entre les deux pays. Des
accords commerciaux et financiers firent de la Grande-Bretagne le
seul grand Etat à allouer des crédits à l'Allemagne
jusqu'à la fin des années 30. En 1939, même,
la Grande-Bretagne avait Investi 60 millions de livres . En 1935,
les deux pays passèrent un accord sur l'armement naval. La
Grande-Bretagne ne réagit guère à l'annonce
du réarmement officiel de l'Allemagne. A l'opposé,
les relations avec le Japon et l'Italie étaient loin d'être
aussi bonne qu'elle allient le devenir, le ministère des
Affaires étrangères leur préférant la
Chine, où d'importants intérêts commerciaux
étaient en jeu.
L'activité diplomatique d'Hitler.
*L'Italie
regardait avec une certaine inquiétude, en pensant à
ses frontières nord, la résurgence de l'Allemagne,
et il fallut attendre la rupture avec les puissances occidentales
due à la guerre d'Ethiopie de 1935-1936 pour voir Mussolini
se rapprocher du Reich. A l'est, l'Allemagne conclut un pacte de
non-agression avec la Pologne en 1934 mais, ennelis du marxisme,
elle n'entretenait que froideur et hostilité vis-à-vis
de l'Urss. Il en irait tout autrement cinq ans plus tard. La réorientation
de la politique étrangère allemande coïncida
avec la décision prise en 1936 d'accélérer
le réarmement et de développer une politique d'autarcie
à grande échelle. A l'été 1936, après
le succès de la réoccupation de la zone démilitarisée
du Rhin en mars , Hitler traça les grandes lignes du Mémorandum
de Plan Quadriennal, le 9 septembre 1936 au Congrès de Nuremberg,
à grand renfort de propagande. Son objectif secret était
de préparer l'économie et l'armée à
la guerre pour 1940. Hitler commença alors à lancer
des allusions claires aux membres de son entourage qui connaissaient
son projet d'engager une grande guerre afin de redessiner la carte
d'Europe. Il n'y avait aucun projet clairement élaboré:
Hitler était prêt à s'adapter, à attendre
le bon moment. Il déclara à certaines occasions que
la guerre serait possible, et même souhaitable, dans les années
1943-1945. C'est la date qu'il donna aux responsables de l'administration
et aux officiers convoqués à la réunion du
novembre 1937 pour prendre connaissance de la stratégie
envisagée.
<<La conquête
de l'espace vital>> jusqu'au printemps de 1939.
*
Les détails, incorporés dans le Mémorandum
Hossbach (du nom de l'officier qui rédigea plus tard ce compte
rendu de la réunion), posait comme but immédiat l'annexion
de l'Autriche et la destruction de la Tchècoslovaquie. Ce
virage vers un réarmement massif et une politique d'expansion
opportuniste ébranla la position de l'Allemagne en Europe.
Ce changement portait également la signature de Joachim von
Ribbentrop, qui s'était érigé en spécialiste
de la politique étrangère du parti nazi. Il joua un
rôle important dans la signature de l'accord naval anglo-allemand
de 1935. Hitler le dépêcha à Londres en qualité
d'envoyé extraordinaire, puis, à partir d'août
1936, d'ambassadeur, afin de resserrer les liens avec la Grande-Bretagne.
Des
membres des jeunesses hitlériennes s'initient des armes légères,
sous la surveillance d'un chef de section. Le régime institua
des entraînements paramilitaires élémentaires
pour tous les groupes de jeunesses. Les jeunes enrôlés
dans le services du travail étaient armée de bêches
et non de fusils. Lorsque la conscription fut introduite en 1935,
ces jeunes allemands connaissaient déjà les rudiments
de la vie militaire.
*La
stupidité de Ribbentrop, et surtout le refus des Anglais
de faire des concessions, firent échouer ces projets. Ribbentrop
développa une anglophonie aiguë durant les années
qu'il passa à Londres, et Hitler, sous son influence, devint
lui aussi l'adversaire d'une alliance avec les britanniques. Ribbentrop,
qui partageait les points de vues de Hitler sur la Chine et Le Japon,
contribua à la mise en place du pacte dirigé contre
l'Internatinale communiste, dit pacte anti-Kommintern, signé
en novembre 1936 entre le Japon et l'Allemagne. L'Italie s'y joignit
un an plus tard. Hermann Göring et Ribbentrop courtisaient
Mussolini, en dépit de sa défiance. L'isolement de
l'Italie après la guerre d'Ethiopie et intervention durant
l'été 1936 dans la guerre d'Espagne poussèrent
Mussolini à se tourner vers l'Allemagne.
*
Aucun accord militaire ou politique défini n'existait entre
l'Allemagne, l'Italie et le Japon, mais ils furent identifiés
à partir du milieu des années 30 comme des puissances
cherchant à modifier en leur faveur la répartition
territoriale existante et l'équilibre des forces internationales.
Le fossé s'élargit entre l'Allemagne, d'une part,
et la France et l'Angleterre, d'autre part, au grand mécontentement
de Hitler. Au printemps 1938, le Führer profita de la crise
politique en Autriche pour annexer ce pays En mai 1938, persuadé
par Ribbentrop que la France et l'Angleterre étaient décadentes
et isolationnistes, il programma une guerre éclair contre
la Tchècoslovaquie pour l'automne de la même année
afin de déplacer les Sudètes sous contrôle allemand
et de s'empare de ressources économiques nécessaires
au réarmement. Quand la tension monta entre Berlin et Prague,
la Grande-Bretagne et la France tentèrent de s'interposer.
Hitler, entouré
de canons, s'adresse aux ouvriers d'une usine d'armement à
Berlin, en décembre 1940.
*
La crise Tchèque déclencha la marche vers la guerre.
Les britanniques et les français n'étaient pas disposés
à laisser la voie libre à Hitler en Europe Centrale
pour qu'il y bâtisse son nouvel empire Germanique. Ils étaient
prêts à négocier des concessions "raisonnables".
En septembre 1938, le Premier ministre britannique, Arthur Neville
Chamberlin, alla rencontrer Hitler en Allemagne pour intervenir
comme médiateur dans le transfert des régions germanophone
de la Tchècoslovaquie à l'Allemagne. Hitler s'y soumit
à contre coeur, obéissant à l'appel de Mussolini
à venir s'expliquer lors d'une conférence des grandes
puissances. La conférence eut lieu à Münich le
29 septembre 1938; elle donna à l'Allemagne les Sudètes,
évitant provisoirement la guerre contre Tchècoslovaquie.
Six mois plus tard, sous le prétexte que l'Etat Tchèque
n'était pas gouverné, les forces allemandes entraient
dans le pays, qu'il partagèrent en protectorat de Bohême-Moravie
et une Slovaquie autonome.
Durant la guerre d'Espagne,
l'Allemagne et l'Italie se rangent aux côté des rebelles
nationalistes. Ci-dessus: Hitler et Franco à la frontière
Franco-Espagne (Hendaye).
*
Von Neurath, le premier ministre des Affaires étrangères
de Hitler, qui avait été remplacé en février
1938 par l'ambitieux Ribbentrop, fut nommé gouverneur du
protectorat. De plus Hitlet tira plusieurs leçons de la crise
Tchèque. D'abord, il était décidé à
ne plus céder à ce qu'il considérait comme
de vaines menaces venant de l'ouest. Par ailleurs, il pansait que
les concessions faites par Chamberlain équivalaient à
un feu vert pour poursuivre l'expansion à l'est. Il était
persuadé que le Royaume-Uni et la France n'étaient
pas assez déterminés pour lui barrer le chemin, et
qu'ils se contenteraient de pousser les hauts cris. Ses buts en
politique étrangère devinrent alors plus clairs. Il
s'agissait de poser en Europe Centrale les fondations politiques
et économiques d'une superpuissance allemande, qui, par sa
taille économique et sa force militaire, renverserait d'elle-même
l'équilibre des forces sur le continent européen.
La prochaine cible, la Pologne, devrait appartenir à cet
empire, soit de son propre gré, en devenant un Etat dépendant
comme la Slovaquie ou la Hongrie, soit par la force. Lorsque
les dirigeants polonais rejetèrent la première solution,
Hitler prépara ses armée à une nouvelle campagne
d'automne.
La signature des accords
de Münich. De gauche à droite: Chamberlin, Daladier,
Hitler, Mussolini et Ciano.
*
Du point de vue de la stabilité de l'Europe, la Pologne était
le choix le plus explosif possible. En effet, la Grande-Bretagne,
suivie de la France, s'était engagée en mars 1939
à faire respecter les frontières de la Pologne; elle
fit clairement savoir que, si l'Allemagne violait la souveraineté
territoriale de la Pologne, elle aurait la guerre. Hitler n'y crut
pas une seule seconde et persuada son état-major que les
deux pays bluffaient, idée qu'il garda jusqu'au jour où
l'Allemagne attaqua la Pologne, le 1er septembre 1939. Au début
de l'année 39, il commença à évoquer
la possibilité de renouer des liens avec l'ennemis juré,
l'Urss, afin d'éviter une guerre sur deux fronts, ou un encerclement,
comme en 1914. En août, Staline mordit finalement à
l'hameçon, ni la Grande-Bretagne ni la France ne se décidant
à lui offrir grand chose. Le 21 août, Ribbentrop partit
à Moscou pour négocier en quelques heures un vaste
accord politique et commercial, et le pacte germano-soviétique
fut signé le 23 août.
Le
Pacte Germano-soviétique de non-agression fut signé
le 23 août 1939 à Moscou par les ministres des affaires
étrangères Ribbentrop et Molotov. L'Union soviétique,
aux prises avec le Japon en Mongolie, craint une nouvelle guerre
sans alliés. Sur cette photo, Staline et Ribbentrop après
leur signature.
*
Hitler utilisa ce pacte pour affermir ses convictions sur le bluff
des Occidentaux. N'ayant aucun projet d'alliance avec l'Urss ni
les moyens réels de venir en aide à la Pologne, les
Occidentaux, pensait Hitler, n'interviendraient pas. Göring
et Goebbels tentèrent de le persuader que le risque encouru
était réel, mais Ribbentrop, toujours persuadé
de la faiblesse des britanniques, poussa Hitler à agir. Le
1er septembre, 05h30, l'invasion de la Pologne débuta.
Les
allemands des Sudètes organisèrent en 1938 un corps
franc pour combattre en faveur de leur indépendance des régions
germanophones de Tchècoslovaquie. Konrad Henlein, le dirigeant
allemand nazi de cette région. Après l'annexion des
Sudètes Henlein devint Gauleiter des Sudètes.
*Deux
jours plus tard, la France et Grande-Bretagne déclaraient
la guerre à l'Allemagne, à la consternation du Fûhrer.
A cette date, Hitler avait réalisé exactement l'inverse
de ses objectifs de 1933: il avait signé un traité
avec l'Urss et entrait en guerre avec la Grande-Bretagne.