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En 1933 et 1934, la démocratie parlementaire introduite par
la république de Weimar fut remplacée par la dictature
du parti nazi, où dominait le principe du "Führer".
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La suppression du système parlementaire après l'accession
de Hitler à la chancellerie fut réalisée progressivement.
La première étape fut le décret pris à
la suite de l'incendie du Reichstag, provocation montée par
les nazis qui, à cette fin, utilisèrent un jeune anarchiste
hollandais Van der Lubbe. Le décret accordait au gouvernement
des pouvoirs spéciaux, qui serviront d'abord essentiellement
contre le parti communiste. Hitler fit procéder à
de nouvelles élections en mars, et, bien que les nazis n'aient
pas remporté la majorité absolue, il eut suffisamment
de députés hors des rangs sociaux-démocrates
pour voter avec les nazis, le 24 mars 1933, les pleins pouvoirs
à Hitler.
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Au cours de l'été, tous les partis politiques autres
que le parti nazi furent dissous. Les nationaux-socialistes purent
alors transformer les structures constitutionnelles. Pour réduire
la distance entre le parti unique et l'etat, des dirigeants nazis
furent nommés à des postes de gouverneur dans les
Etats régionaux, où ils disposèrent d'immenses
pouvoirs. Le service public fut purgé de ses éléments
"indésirables".. Environ un quart des fonctionnaires
prussiens et un dixième de ceux de toute l'Allemagne furent
limogés. Hitler garda séparé la structure propre
au parti et la structure administrative de l'Etat, mais, lorsqu'il
fut nommé "guide suprême" (président
et chef du parti) en août 1934, il se trouva au sommet de
la pyramide de l'Etat et du parti nazi.
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En même temps, la structure politique fut centralisée.
En février 1934, le ministre de l'intérieur, Wilhelm
Frick, se vit confier la responsabilité des gouverneurs,
et, le 30 janvier 1935, les parlements des Etats régionaux
et autorités de l'etat furent directement subordonnés
à Berlin: c'était la fin du système fédéral,
qui avait été la création de Bismarck en 1871.
La police et la sécurité furent également centralisées
sous de Heinrich Himmler, chef des S.S. On établit des corporations
- le Front du Travail, l'agence alimentaire, la Chambre de l'Artisanat,
etc. - censée remplacer les différentes organisations
qui avaient fleuri avant 1933.
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Ces changements rendirent de facto le Gouvernement et le Parlement
inutile. Hitler, qui détestait diriger par le biais de commissions,
cessa bientôt d'assister régulièrement aux réunions
du Gouvernement. La coalition politique aux liens assez lâches
qui avait survécu aux premiers mois du régime s'effrita
au fur à mesure que les postes clés étaient
donnés à des membres influents du parti. Ce processus
fut achevé en février 1938, lorsque Hitler devint
le commandant suprême des forces armées et qu'il remplaça
le ministre de le Guerre par un commandement suprême, l'O.K.W.
Hitler avait le dernier mot sur tout, même lorsqu'il s'agissait
de problèmes insignifiants. En conséquence, le gestion
des affaires de l'Etat connut un ralentissement, car Hitler n'était
pas un grand administrateur, tandis qu'une compétition effrénée
pour gagner l'attention du Führer, opposait le parti et l'etat.
Un tel système évoquait davantage une cour absolutiste
du XVIIIe siècle qu'un Etat bureaucratique moderne.